Au cours de ma carrière j’ai rencontré de nombreux élèves en souffrance face à l’écriture. C’était une épreuve pour eux. Un obstacle, une montagne à gravir avant même d’aborder le fond de l’exercice. Comment répondre sereinement à des questions, comment rédiger une réponse en se concentrant sur ses connaissances, quand le seul geste graphique absorbe toute l’attention et l’énergie ?

Le temps manque en classe. La formation est quasi inexistante. Parfois l’enseignant ne se rend même pas compte que l’élève ne fait pas ou ne termine pas son exercice parce qu’il est trop difficile d’écrire pour lui. Il pense qu’il n’a pas compris la consigne, qu’il ne connaît pas sa leçon, qu’il manque de motivation… Je le sais, je suis passée par là ! Je regrette de ne pas avoir été davantage formée à cette problématique pour mieux aider ces élèves ! Une part de moi leur demande pardon de ne pas avoir compris les enjeux cachés et de ne pas avoir apporté de soutien au bon endroit.

Ces enfants finissent par être persuadés qu’ils sont nuls, qu’ils écrivent trop mal et que c’est comme ça, que l’école n’est pas faite pour eux, qu’ils ne sont pas faits pour l’école… Ils se découragent, se dévalorisent. Et leurs parents ? Ils s’énervent, perdent patience, pensent que leur enfant n’est pas doué, qu’il ne pourra pas réussir sa scolarité, dans le meilleur des cas, qu’il est paresseux… Cela tend les relations familiales, se répercute sur l’estime de soi de l’enfant…

Par défaut, par habitude, on oriente souvent les enfants vers des spécialistes, on leur fait faire des bilans pour construire des dossiers de demande de tiers temps ou de prise en charge. Bien sûr certains ont de réels troubles des apprentissages qu’il faut soigner et c’est le rôle de l’orthophoniste, du psychomotricien. Mais une grande partie de ces enfants ne devrait pas relever de la MDPH et du handicap. On colle trop facilement des étiquettes ! La rééducation de l’écriture leur permettrait de reprendre le contrôle de leur outil de communication, de reprendre confiance en leurs capacités, de rentrer dans un cercle vertueux d’encouragements et de progrès. Et de retrouver le goût d’apprendre, l’envie de réussir, la motivation pour aller plus loin.

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